Maladie

Troubles du comportement liés au rangement : identifier la maladie des personnes désorganisées

Les chiffres ne mentent pas : en France, la syllogomanie affecte près de 2 % des adultes, mais la plupart des situations passent sous les radars médicaux. Ce trouble n’a rien à voir avec une simple flemme ou un léger laisser-aller. Il s’accroche, s’impose, et bouleverse la vie malgré les dégâts évidents sur le quotidien.

Pour les proches, la frontière est floue entre un désordre passager et une véritable pathologie. Ce flou fait barrage à l’aide, retarde les démarches, et laisse les personnes concernées dans leur solitude, parfois pendant des années.

Quand le désordre devient-il un trouble ? Comprendre la syllogomanie au-delà du simple bazar

La syllogomanie, aussi appelée trouble d’accumulation compulsive, ne se confond pas avec le simple capharnaüm des jours de grande fatigue. Elle fait partie des troubles obsessionnels compulsifs (TOC) et se manifeste par une accumulation démesurée d’objets, souvent sans utilité réelle. Impossible de jeter, même ce qui semble parfaitement inutile. Peu à peu, l’espace se réduit, les pièces deviennent impraticables, la vie elle-même se replie sur quelques mètres carrés à peine.

Il existe des nuances importantes entre les différents troubles de l’accumulation. Le syndrome de Diogène, par exemple, s’accompagne d’une négligence extrême de l’hygiène et d’un isolement social marqué. Ce qui distingue la syllogomanie du syndrome de Diogène, c’est surtout le rapport à l’hygiène personnelle et à la vie sociale : dans la syllogomanie, la collection d’objets peut même être parfaitement organisée. Quant au syndrome de Noé, il s’agit d’une accumulation non plus d’objets, mais d’animaux, entraînant rapidement des situations sanitaires dramatiques.

Les personnes concernées présentent des profils très divers : certains gardent précieusement journaux, vêtements, emballages. D’autres entassent des objets insolites, incapables de s’en séparer. Derrière ces comportements, on retrouve souvent une véritable détresse psychique, alimentée par la honte, la peur du manque ou la crainte de perdre un souvenir. L’entourage oscille entre le désir d’aider et l’épuisement face à la répétition du même scénario.

Pour mieux cerner ces troubles, voici les principales caractéristiques :

  • Syllogomanie : accumulation d’objets, malaise ou colère à l’idée de s’en débarrasser, détresse face au tri
  • Syndrome de Diogène : accumulation accompagnée d’un retrait social et d’un abandon de l’hygiène corporelle
  • Syndrome de Noé : collecte incontrôlée d’animaux, souvent au détriment de leur santé

La syllogomanie est encore trop souvent ignorée, réduite à un simple manque de méthode ou rattachée à tort à une mauvaise passe. Pourtant, reconnaître ce trouble ouvre la porte à un accompagnement adapté, rompt l’isolement et permet d’espérer une réelle amélioration du quotidien.

Signes qui doivent alerter : symptômes, causes et conséquences de l’accumulation compulsive

Différencier un désordre ordinaire d’un trouble de l’accumulation compulsive demande d’être attentif à certains signaux. Le plus marquant : l’accumulation d’objets qui finit par envahir tout l’espace. Les couloirs deviennent impraticables, les tables disparaissent sous des montagnes d’affaires hétéroclites, et chaque recoin trouve son lot de bricoles « à garder au cas où ». On est ici bien loin d’une simple préférence pour les piles ou d’un manque organisationnel temporaire. Cette rétention s’accompagne d’une anxiété profonde à l’idée de jeter, d’un sentiment de sécurité lié à l’accumulation.

Le problème ne se limite pas au désordre visuel. Chez les personnes touchées par la syllogomanie ou le syndrome de Diogène, la souffrance psychique est réelle. On observe souvent un repli sur soi, l’isolement social, parfois renforcé par la honte et la peur d’être jugé. Beaucoup refusent toute aide extérieure, ce qui enferme davantage dans la spirale d’isolement. Petit à petit, l’hygiène personnelle et celle du logement se dégradent : la saleté s’installe, les risques sanitaires augmentent, surtout en cas de déchets ou d’animaux.

Quant aux origines du trouble, elles sont multiples : traumatismes passés, troubles anxieux, parfois histoires familiales d’accumulation. Les conséquences, elles, débordent largement le cadre de l’habitat : santé mentale fragilisée, risques infectieux accrus, mobilité réduite, tensions familiales. Les proches, eux, assistent impuissants à la détérioration de la situation, souvent sans savoir comment agir.

Bureau moderne avec rangement organisé et désordre visible en arrière-plan

Des solutions existent : conseils concrets et ressources pour reprendre le contrôle

Pour avancer face à la syllogomanie et aux troubles du rangement, l’écoute et la compréhension sont la première étape. Le traitement de la syllogomanie s’articule principalement autour de la thérapie cognitivo-comportementale (TCC). Cette approche aide à repérer les pensées automatiques qui alimentent l’accumulation, à désamorcer l’angoisse du tri et à renforcer la prise de décision. L’objectif : briser le cercle vicieux et retrouver de l’autonomie.

Côté organisation, il existe plusieurs leviers efficaces. Mieux vaut répartir l’effort : trier une catégorie d’objets à la fois, planifier les séances de désencombrement, se fixer des étapes claires et atteignables. La présence d’un tiers formé, qu’il s’agisse d’un professionnel de santé ou d’un travailleur social, rend souvent la démarche plus supportable. Certains dispositifs associent psychiatres, psychologues et travailleurs sociaux, notamment pour accompagner les cas de syndrome de Diogène.

Voici quelques pistes concrètes pour soutenir la démarche :

  • La psychothérapie individuelle ou en groupe offre un appui sur la durée et relance la motivation.
  • Des associations spécialisées, comme l’Association francophone des troubles obsessionnels et compulsifs (AFTOC), apportent écoute et orientation.
  • Des guides de tri, conçus par des ergothérapeutes, servent de repères pour structurer l’action.

L’entourage joue un rôle déterminant, à condition de respecter le rythme et le choix de la personne concernée. Un soutien familial bienveillant, allié à une prise en charge médicale, ouvre la voie à des avancées durables dans la lutte contre les troubles obsessionnels compulsifs liés au rangement.

Face à ces troubles, il n’y a pas de baguette magique, mais chaque pas vers le changement compte. Un carton vidé, une porte qui s’ouvre à nouveau, et déjà le quotidien respire un peu mieux.