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Maladies courantes et leurs symptômes de souffrance

Une statistique brute : près d’une personne sur cinq connaîtra au cours de sa vie un épisode de souffrance mentale. Derrière les chiffres, une réalité qui se faufile dans le quotidien, souvent ignorée jusqu’à ce que la douleur s’impose. La confusion entre tristesse passagère et trouble dépressif persistant conduit fréquemment à des retards de prise en charge. Les manifestations physiques telles que la fatigue ou les douleurs inexpliquées sont souvent attribuées à tort à des causes somatiques, alors qu’elles relèvent parfois d’une pathologie mentale sous-jacente.Certains symptômes restent silencieux ou masqués, ce qui complique l’identification précoce des troubles psychiatriques. Les diagnostics reposent sur une combinaison d’entretiens cliniques, d’observations comportementales et, dans certains cas, d’outils standardisés. Le choix des traitements dépend de la sévérité, de la nature du trouble et des besoins individuels.

Comprendre les troubles psychiatriques : des réalités souvent invisibles

La santé mentale fait partie intégrante de l’équilibre global d’un individu. Ce concept dépasse largement la simple absence de maladie physique. Il s’agit d’une quête d’harmonie intérieure, sociale et psychique, évoquée par l’Organisation mondiale de la santé mais souvent balancée d’un revers de main dans la vie réelle. La maladie psychique, elle, s’infiltre en douce. Parfois, elle progresse à pas feutrés, jusqu’à brouiller totalement la frontière entre originalité de caractère et véritable trouble médical.

Pour mieux distinguer l’éventail des troubles psychiatriques, plusieurs catégories principales sont à connaître, chacune avec ses spécificités, et son lot d’incertitudes :

  • Dépression, trouble bipolaire, schizophrénie ou encore troubles du comportement alimentaire (TCA) : des pathologies qui s’installent souvent au long cours et secouent radicalement le quotidien, tant au niveau émotionnel que relationnel.
  • Le trouble obsessionnel compulsif (TOC) se manifeste par des obsessions qui s’imposent à l’esprit et des compulsions ritualisées, tandis que l’autisme, détecté dès le plus jeune âge, se traduit par un retrait du lien social et des difficultés communicatives durables.
  • Du côté de la personnalité borderline, on retrouve surtout une instabilité émotionnelle, une impulsivité qui fragilise toute relation et perturbe concrètement le vécu de la personne concernée.

Les dernières données publiées en France affichent une hausse continue du nombre de personnes touchées par un trouble mental. Aller consulter reste pourtant un cap difficile, le regard d’autrui pèse, surtout quand les premiers symptômes se cachent derrière un retrait social, des nuits hachées, ou une énergie qui fout le camp. C’est là que la détection précoce change tout : plus la souffrance est reconnue tôt, plus les possibilités de se rétablir se renforcent.

Quels sont les symptômes à reconnaître pour mieux agir ?

Repérer les symptômes d’une souffrance psychique se révèle souvent complexe. Bien des signaux s’effacent derrière la routine ou s’habillent de formes inattendues. Prenons la dépression : tristesse lourde, perte du plaisir, sentiment d’épuisement qui ne passe pas. Chez d’autres, c’est l’irritabilité qui s’impose, sans aucune tristesse visible. On retrouve aussi des troubles du sommeil, une difficulté à se concentrer, des idées noires qui font irruption.

Pour le trouble bipolaire, l’alternance saute aux yeux avec des phases de découragement profond qui cèdent soudain la place à une suractivité, une excitation inhabituelle, des nuits presque blanches et des décisions prises sur un coup de tête. Cette succession d’extrêmes devient la marque visible du trouble.

La schizophrénie s’accompagne, quant à elle, de signes très différents : repli social, difficultés de mémoire et d’attention, disparition de l’émotion, hallucinations ou idées étranges qui s’imposent comme des certitudes. Bien souvent, ceux qui en souffrent n’ont aucune conscience de leur maladie, ce qui rend le chemin vers l’aide particulièrement complexe. Pour les TOC, les rituels et pensées obsédantes tentent de calmer une inquiétude omniprésente.

Chez l’enfant ou l’adolescent, des troubles alimentaires qui s’installent, ou un isolement durable, doivent faire réagir. L’autisme laisse percevoir une difficulté à interagir, parfois un langage atypique ou des démarches inhabituelles. Et lorsque surgissent des crises non épileptiques psychogènes (CNEP), il s’agit de convulsions qui n’ont pas d’origine neurologique, mais qui révèlent bien une souffrance psychique.

Pour faciliter la reconnaissance de ces états, voici quelques indices à considérer sans tarder :

  • Retrait social soudain
  • Modification marquée de l’appétit ou du sommeil
  • Fluctuations inexpliquées de l’humeur
  • Comportements répétitifs ou rituels inhabituels
  • Discours désorganisé, propos étranges ou délirants

La détresse psychique ne s’exprime pas toujours clairement. Prendre au sérieux un changement, aller chercher le dialogue avec la personne concernée ou un professionnel, solliciter un avis médical dès les premiers doutes : tout cela pave la voie vers une temporalité nouvelle, celle du rétablissement possible.

Docteur avec médicaments et tablette sur un bureau clair

Traitements, accompagnement et importance de demander de l’aide

Face aux maladies psychiques, la prise en charge personnalisée s’impose dans la pratique. En cas de dépression, de trouble bipolaire ou de schizophrénie, l’accompagnement repose le plus souvent sur l’association de la psychothérapie et d’un traitement médicamenteux. La psychothérapie, qu’elle soit menée en individuel ou en groupe, a pour but de retrouver un équilibre émotionnel et d’acquérir des stratégies pour faire face à la souffrance. Quant aux médicaments, antidépresseurs, régulateurs de l’humeur, antipsychotiques, ils visent à atténuer les symptômes et à prévenir les rechutes.

Pour une crise non épileptique psychogène (CNEP), la coopération entre le psychiatre et le psychologue s’avère décisive. L’accompagnement doit être ajusté, avec une psychothérapie spécifique et un suivi médical régulier. Les adolescents touchés par les troubles du comportement alimentaire, ou plongés dans l’isolement, trouvent parfois une aide concrète via des structures hospitalières ou des dispositifs de proximité.

La question du suicide ne doit jamais quitter l’esprit des proches et des soignants. Les statistiques font état d’une part grandissante de jeunes confrontés à une souffrance mentale, rarement entendue assez tôt. Repérer la détresse, savoir orienter rapidement vers des professionnels, inclure la famille dans le processus : chaque étape solidifie la prise en charge et multiplie les chances d’aboutir à un mieux.

L’isolement et la stigmatisation continuent pourtant de bloquer la démarche d’aide. Encourager les premiers pas, rassurer quant au recours à la consultation, mobiliser les ressources autour de la personne : tout converge vers la même exigence. Impossible désormais de traiter la santé mentale comme une affaire secondaire. Elle pèse autant que la santé physique, s’entremêle avec nos modes de vie et nos façons d’être ensemble.

Il reste ce défi, immense : briser les silences, balayer les non-dits, pour que derrière chaque signe de souffrance, une issue devienne visible, et le possible prenne le pas sur la fatalité.